Deux grenoblois dans le sud

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Prix Pulitzer : 12 photos qui ont fait le tour du monde

Le prix Pulitzer est un prix américain décerné par l'Université Columbia de New York et remis à des personnes, journaux, magazines, revues ou agences de presse dans les domaines suivants : journalisme, littérature, fiction et musique, domaines eux-mêmes divisés en catégories spécifiques. Il est considéré parmi les plus prestigieux du monde.

 

Voici 12 photos qui ont fait le tour du monde, et leur histoire, très résumée... Elles ont surtout changé notre regard sur ce fameux monde...

 

1945 : LE BAISER DE TIME SQUARE

 

« Dites adieu à la guerre » prise par Victor Jorgensen à Times Square le 14 Août 1945 montrant un marine de guerre embrassant une infirmière. Ces deux personnes qui étaient des étrangères l'une à l'autre symbolisent le retour à la maison après la guerre et la joie ressentie à la fin de cette même guerre.

 

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1960 : LE CHE ...

 

Nommé héros de guérilla dans lequel apparaît un visage avec un béret noir, regardant au loin. Cette photo a été prise par Alberto Korda le 5 Mars 1960, le Che était alors âgé de 31 ans et était à un enterrement pour les victimes de l'explosion de la Coubre. Elle a été publiée 7 ans plus tard. L'Institute of Art du Maryland l'a surnommée « la photo la plus célèbre du XXe siècle ». Cette photo a été parmi la photo la plus reproduite du monde et elle est considérée comme l'un des 10 plus grands portraits de tous les temps, symbole universel de la rébellion pour toutes les tendances politiques.

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1968 : EXÉCUTION A SAIGON...

 

« Le colonel tua le prisonnier ». Eddie Adams, photographe de guerre est l'auteur de cet instantané montrant l'assassinat d'un guérilla vietcong le 1er février 1968 par le chef de la police de Saïgon, de sang froid. Adams a remporté le prix Pulitzer pour cette photo mais il fut tellement affecté émotionnellement, qu'il se transforma en photographe rose...

 

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1972 : LA PETITE FILLE DU VIETNAM

 

Le 8 Juin 1972, un avion des USA a bombardé au napalm la population de Trang Bang.

Nick Ut a pris cette photo alors que la fillette de 9 ans fuyait, ses vêtements s'étant consummés. Elle est restée 14 mois à l'hopital et a subi 17 interventions et greffes de la peau.

Aujourd'hui Thi Kim Phuc, la petite fille sur la photo est mariée, mère de deux enfants et vit au Canada, elle est présidente de la Fondation Thi Kim Phuc qui a pour mission d'aider les enfants victimes de la guerre, et est ambassadrice pour l'UNESCO.

 

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1984 : LA FILLE AFGHANE...

 

Gharbat Gula a été photographiée alors qu'elle n'avait que 12 ans par le photographe Steve Mc Curry, en juin 1984. Il était dans le camp de réfugiés de Nasir Bagn au Pakistan pendant la guerre. Ce portrait a été présenté sur la couverture du National Geographic en juin 1985, cette couverture est devenue l'une des plus célèbres de la revue. Cependant, à cette époque, personne ne connaissait le nom de cette jeune fille. Le même photographe partit à la recherche de la jeune fille et en janvier 2002 il retrouve la fillette transformée en jeune femme de 30 ans. Elle vit dans un village isolé en Afghanistan. L'identité de la jeune femme a été confirmé à 99,9 % par le FBI.

 

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1985 : OMAYRA SANCHEZ... LA MORT EN DIRECT

 

Omayra Sanchez était une petite fille lors de l'éruption du volcan Nevado del ruiz qui a détruit la ville d'Armero en Colombie en 1985. La petite fut coincée 3 jours dans la boue l'eau et les débris de sa propre maison et sur les corps de ses proches. Lorsque les sauveurs tentèrent de l'aider ils n'ont pu que constater que c'était impossible, il aurait soit fallu l'amputer des deux jambes, soit aspirer la boue qui la submergeait, mais aucune pompe n'était disponible. La petite Omayra a été forte jusqu'au dernier moment de sa vie. Le photographe Frank Fournier a fait cette photo qui a fait le tour du monde et symbolise l'indifférence du gouvernement colombiern envers les victimes. Cette photo de 1985 a été publiée plusieurs mois après la mort de la fillette et a obtenu une reconnaissance mondiale comme symbole de la mondialisation de l'agonie. L'agonie d'Omayra et sa mort ont été suivies par les télévisions du monde entier en direct...

 

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1989 : LE REBEL INCONNU

 

« le rebel inconnu » c'est le surnom attribué à cet homme anonyme devenu internationalement célèbre pour avoir osé se tenir debout devant les chars lors du soulèvement de 1989 place Tienanmen en Chine. La photo a été prise par Jeff Widener.

En Chine, l'image a été utilisée par le gouvernement comme un symbole de compassion par les soldats de l'Armée populaire de libération afin de protéger le peuple chinois : malgré l'ordre d'avancer, le conducteur du char avait refusé de le faire...

 

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2001 : LA CHUTE FATALE ...

 

« The falling man » est le titre de cette photo réalisée par Richard Drew le 11 septembre 2001, lors des attentats contre les tours jumelles du World Trade Center à New York. La publication de ce document, peu après les attentats, irrita l'opinion publique américaine, puis elle fut élevée au rang de photo de l'héroïsme et du sacrifice...

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2009 : LA LUTTE POUR LA TERRE PERDUE

 

Cette photographie de Luiz Vasconcelos méritait le prix de l'année 2009 : la lutte des paysans sans terre. Une femme et son enfant essaient de résister au mouvement d'émeute à l'expulsion des sans terre de leur terrain de la périphérie de Manaus en Amazonie brésilienne. Tout un symbole...

 

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LA MORT RODE...

 

Le brillant photographe sud africain Kevin Carter a remporté le prix Pulitzer avec cette photo prise dans la région de Ayod (village du Soudan) Elle a fait le tour du monde et montre une petite fille épuisée par la faim, gisante et mourante avec à l'arrière plan un vautour qui attend... Kevin Carter, accablé par la culpabilité et conduit par une forte dépendance à la drogue, s'est suicidé 4 mois plus tard.

 

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MORT A LA PORTE DU PARADIS...

 

Javier Bauluz photographe espagnol montre deux touristes espagnols sur une plage regardant le corps sans vie d'un immigrant. A la suite de cette publication dans la Vanguardia et le New York Times, les commentaires affluèrent du monde entier vers l'Espagne...

 

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1963 : PROTESTER EN SILENCE :

 

Thich Quang Duc, né en 1897 était moine bouddhiste et s'est fait exploser à mort sur une rue très fréquentée de Saïgon le 11 juin 1963. Cet acte de sacrifice a été mémorable. Le moine brûle, restant immobile, ne criant pas, seul moyen de protester contre la manière dont l'administration traitait la religion bouddhiste dans son pays. Son corps a été incinéré et son cœur est resté totalement intact. Il est considéré comme un saint et son cœur est conservé à la garde de la Reserve Bank of Vietnam comme une relique.

 

 

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Suite à la parution de cet article il y a quelques années, j'ai reçu un email d'une jeune femme khmer, nommée Sarom OM, qui, de messages en messages, m'a raconté la véritable histoire de ce courageux moine et je vous invite à lire le texte poignant qu'elle m'a transmis, que j'ai retranscrit dans son intégralité, ce texte m'a beaucoup émue et on ne peut pas resté insensible, surtout dans la situation actuelle d'invasion de l'Ukraine par les russes... 

 

« Ce moine qui s'est brûlé vivant a Saigon en 1963 est directement relié a l'histoire Khmer (Cambodge). Je suis triste de voir que personne ne l'a compris. Il s'est sacrifier pour qui et pourquoi ? Les enfants Khmer de la nouvelle génération ne connaissent pas son histoire et croient qu'il était vietnamien...

 

Lorsque la France a colonisé l'Indochine, le Vietnam était en train d'envahir le Kampuchea Krom (Cambodge du sud), les forces Khmer essayant de les repousser. En 1954 sous le protectorat, la France a donné le Kampuchea Krom au Vietnam, donnant également le feu vert aux massacres des Khmers. En 1954 les autorités vietnamiennes ordonnent un rassemblement de tous les Khmers pour leur parler des nouvelles lois et règles en vigueur, et enferment des milliers de Khmers pour les brûler vivants, dans les villes et villages. Ces mêmes autorités ferment les écoles Khmers, brûlent les pagodes et détruisent le patrimoine historique Khmer. Elles changent les noms et l'identité de la population Khmer qui reste, population dépouillée et chassée de chez elle. Les Vietnamiens adoptent une politique d'élimination totale : brûler tous les livres, détruire les vestiges, changer l'histoire. Ceux qui ont vécu à cette époque ont vu des cadavres flotter dans les rivières, remplir les puits et les rizières. En ce temps là,  il y avait a peu près 5 000 000  d'habitants Khmer, aujourd'hui combien en reste-il sur ce territoire?

 

Ce moine qui s'est brulé vivant en silence était Khmer. La douleur au fond de son coeur était plus forte que sa douleur physique. Presque la totalité du peuple khmer est mort en silence. Ce moine voulait dénoncer le massacre. Au lieu d'être pourchassé et de mourir en silence, il choisi une mort visible. Lui et ses disciples se sont sacrifiés devant l'ambassade pour demander de l'aide. Devant l'injustice, l'humiliation, la torture et sous un nom et une nationalité qui n'étaient pas les siens, son coeur n'a pas lâché prise.... Il continue de battre dans le coeur chaque khmer qui a survécu et dans les coeurs de nos enfants et nos petits-enfants. Que l'on comprenne ou non, que l'on connaisse notre histoire et nos origines ou non, il y aura toujours une douleur au fond de notre coeur à travers les générations. Chaque fois que le peuple khmer vie une injustice, se fait maltraiter ou tuer, notre coeur souffre. Le coeur de ce moine est le symbole de tous les coeurs Kmers qui refusent de se laisser abattre...

 

De nos jours, les moines Khmer continuent leur bataille pour dénoncer les injustices qu'ils ont subies et subissent encore. De nos jours, il y a encore des moines et des gens khmers qui se font emprisonner ou tuer sur la terre de leurs ancêtres, pour rien. Le Kampuchea Kom ou le delta du Mékong est le berceau du peuple Khmer qui vit la depuis plus de 20 000 ans. Aujourd'hui il n'en reste aucun vestige visible.

 

Mon arriere grand-père, Sok Om a fuit Kampuchea Krom, il raconte a ses enfants et ses petits enfants comment les Khmers se sont fait massacrer. Il nous demande de ne pas oublier ces moines et tous les héros khmers qui sont morts et continuent à mourir pour que les enfants Khmers puissent vivre un jour dans la paix ».

 

Sarom Om 

 

Il n'y a rien qui ressemble plus à un génocide, qu'un autre génocide... A méditer...

 

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28/02/2022
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