Le patrimoine sensoriel des campagnes fait son entrée dans le droit français :
C’est notre Maurice national, coq aujourd’hui décédé, qui serait fier car il était le symbole de cette lutte menée sur l’Ile d’Oléron. Il a gagné son combat contre l’imbécillité de ses voisins qui se plaignait de son cocorico matinal après un procès retentissant, ou la justice l’avait autorisé à continuer de chanter…
Le 25 janvier 2021, les parlementaires français ont adopté à l’unanimité la loi introduisant la notion de «patrimoine sensoriel des campagnes» dans le droit français. La chambre des territoires a voté à main levée, sans modifications, la proposition de loi déjà adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Ce texte est à l’initiative du député de Lozère Pierre Morel-A-L’Huissier qui avait été un brin irrité par des histoires de cloche merle qui pourraient presque prêter à rire si nos ruraux n’étaient pas visés par des plaintes devant les tribunaux pour tout et n’importe quoi. On se rappelle de la cour d'appel de Colmar qui dans son jugement concernant le sort du cheval de trait Sésame avait obligé ses propriétaires à le déplacer d'au moins 15 mètres du gîte des voisins qui se plaignent des odeurs et bruits ou encore d’une histoire en 2018 dans le var de touristes qui demandaient l’utilisation d’un insecticide pour se débarrasser de cigales trop bruyantes ou encore dans le Puy-de-Dôme, le maire de la commune de Pignols s’est dit «stupéfait» et «fatigué» de recevoir des plaintes d’habitants mécontents des déjections d’abeilles… Des histoires comme celles ci, il en existe autant que de territoires ruraux...
Cette loi est une incitation aux parisiens et autres touristes que ce patrimoine dérange de ne plus porter plainte contre ce qu’ils appellent des « nuisances » mais qui n’en sont pas, puisque ces "bruits" font partie intégrante de la vie rurale. La campagne n’est pas un lieu de silence et de recueillement, la campagne vit, avec ses animaux, ses insectes, ses agriculteurs, ses cloches et c’est ce qui fait son charme et sa particularité. Les sons et les odeurs sont désormais inscrits dans le patrimoine commun de la nation aux côtés des paysages, de la qualité de l'air ou des êtres vivants et de la biodiversité, patrimoine qui comporte sonnerie des cloches, aussi bien de nos vaches chèvres et autres animaux, que celles de nos églises de campagne, le chant du coq ou des cigales, symboles incontestable de notre Provence, coassement des grenouilles, cancanement des canards, mais aussi effluves de crottin de cheval ou d’étable ; Ce sont là les caractéristiques des espaces naturels, la carte d'identité de nos territoires ruraux.
Reste à espérer que cette loi aura un effet dissuasif et réduira de manière drastique les conflits de voisinage provoqués par quelques nouveaux habitants de nos campagnes qui ne savent pas trop où ils ont mal, ou simplement contre les touristes qui pour passer une semaine à la campagne, arrivent en terrain conquis et essaient d’imposer leurs idées farfelues …
Quoi qu’il en soit, c’est une grande victoire de nos territoires ruraux contre les outrages dont ils sont victimes par des décérébrés. Il s’agit d’une révolution juridique majeure, car c’est la première loi qui consacre l’existence d’un « patrimoine rural » dont je suis personnellement très fière.
Pour conclure, voici une petite chanson sympathique du groupe toulonnais Aïoli
« Touche pas aux cigales » …
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