2022 : Pêche électrique de sauvetage à Uhart Cize au Pays basque

Fernand CAZETOU est à l'origine en 1965 du "Syndicat des Riverains de la Nive" créé d’abord pour sauvegarder le droit de pêche et de riveraineté des propriétaires riverains de la Nive, droit menacé de disparaître. En 1966, "l'Association des Propriétaires Riverains de la Nive" voit le jour sous forme d'Association loi 1901.

Depuis 1984, l'APRN est une Association Agréée pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (AAPPMA), ainsi qu'une Association Agréée pour la Protection de la Nature, de l'Environnement et du Cadre de Vie à partir de 1993. Par ses statuts, l'AAPPMA APRN est affiliée à la Fédération des Pyrénées Atlantiques pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique. Elle regroupe plus de 1500 propriétaires riverains, et gèrent plus de 700 kilomètres de rivières sur une quarantaine de communes du Pays Basque et défend les droits des propriétaires riverains.

Parmi ses missions, la surveillance des cours d'eau sur le domaine privé assurée par les gardes pêche : contrôle des pêcheurs, qualité des eaux, pollutions, mortalités... suivi de la reproduction des salmonidés avec à chaque saison, un inventaire détaillé avec localisation précise des zones de reproduction de la truite fario et du saumon atlantique, les pêches électriques de sauvegarde et d'inventaire notamment pour estimer la population piscicole des rivières, ou extraire des poissons d'élevages, sauver des poissons piégés… ou encore faire des campagnes de repeuplement de ses parcours sur plusieurs années. (Alevinage).

L’association est aussi appelée dans le cadre de travaux en rivière, à pratiquer des pêches électriques de sauvetage afin de préserver, en les prélevant, les poissons sur la zone impactée et de les déplacer en amont ou en aval.

C’est à cette activité-là que nous avons eu la possibilité d’assister chez un particulier près de Saint Jean Pied de Port sur la rivière NIVE qui, lors d’une crue, avait détruit son mur de soutènement, désormais à refaire, et ce grâce à Xavier, qui nous a proposé de les suivre avant l’intervention de la pelle dans la rivière pour sauver les poissons présents sur une vingtaine de mètres, les prélever puis les relâcher plus loin dans la même rivière.

Jusque-là pour nous, la pêche électrique c’était les images diffusées par Greenpeace de chaluts géants dans les océans qui envoient des décharges électriques pour paralyser les poissons et qui détruisent tout sur leur passage pour ne garder que ce qui les intéresse et rejeter à la mer des tonnes de poissons morts, dont beaucoup sont en voie de disparition. La justice européenne a d'ailleurs confirmé l'interdiction de la pêche électrique (aussi nommée pêche à impulsions) dans toute l'UE depuis 2021… (NDLR il était temps…).

La pêche électrique de sauvetage (ou électropêche) à laquelle nous avons assisté n’a rien à voir avec ce que je viens de décrire, n’a surtout rien de cruel et vise non à détruire mais à sauver.

Cette pêche n’est possible qu’après moults dossiers et autorisations longues à obtenir, délivrées par les services de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM). L’Office Français de la Biodiversité (OFB) et la fédération de pêche doivent également donner un avis pour chaque demande d'autorisation… et il faut autant d’autorisations qu’il y a de propriétaires riverains concernés… Ce sont les joies et les aberrations de l’Administration Française !

L'association est responsable de l'exécution de cette opération qu'elle effectue avec du matériel de pêche électrique spécifique et homologué, et du personnel habilité. Nous avons donc fait la connaissance de Lucie, professionnelle habilitée et formée, qui a eu la gentillesse de nous expliquer son métier. Le principe est simple : On utilise un courant de faible intensité, diffusé dans le cours de la rivière à l'aide d'une perche contenant un conducteur électrique (cathode) et terminée par un anneau (anode). Cette perche est alimentée par une batterie, un groupe électrogène. Tous les poissons capturés sont comptés avant d’être remis à l’eau plus haut ou plus bas dans la rivière. La loi prévoit la destruction des espèces nuisibles. Parmi tous les poissons sauvés, nous avons relevé une seule espèce nuisible : une écrevisse américaine. Tous les autres ont été relâchés : truites, tacons (saumons juvéniles), vairons, anguilles, goujons, loches...

Le périmètre où se trouvent le groupe électrogène et le transformateur sont sécurisés. Pour tous ceux qui sont dans l’eau, gants obligatoires, port de waders non percés, désinfection avant l’entrée dans l’eau. Le poisson doit être capturé rapidement à l’épuisette pour ne pas entrer en contact avec l’anode et rester le moins de temps possible dans le champ électrique, les épuisettes doivent être vidées à chaque prise dans le vivier, pour que les poissons ne reçoivent pas plusieurs fois les décharges et ils doivent être manipulés avec soin et le moins longtemps possible.

Cette matinée a été pour nous très instructive grâce aux explications des bénévoles et de Lucie, et s’est terminée par l’accueil du propriétaire riverain des lieux autour d’un café et d’un gâteau pour clôturer notre matinée, un moment relationnel très riche...

Une immersion dans un milieu inconnu jusque-là, une matinée culturelle avec des basques très passionnés. Un grand merci à toute l’équipe... Xavier, Lucie, Jean-Pierre, François, Jean-Claude...

Voici quelques photos de cette intervention, et quoi de mieux qu’un petit film résumé pour mieux comprendre…