2017 Apprendre à bien gérer son chien...
Maîtres de chiens, prenez le temps de lire le document qui suit, si vous vous sentez concernés par seulement un paragraphe, une ligne ou un mot de ce texte, il n'aura pas servi à rien...
Nos comportements sont bien souvent responsables des problèmes rencontrés avec nos chiens. Les câliner à outrance, leur parler comme s'ils étaient des enfants, et être constamment sur leur dos à faire des mamours n'est pas leur rendre service… Pour exemple, les petits chiens (caniches, york, jack russell etc), bien souvent hyper dorlotés, hyper choyés, câlinés, sont très généralement des chiens hargneux, agressifs dont je me méfie beaucoup plus que d'un gros molosse de 60 kg… ce sont leurs maîtres qui en sont responsables… Gérons correctement, nous en serons récompensés…
Votre chien n’est pas "mon bébé chéri", ni "mon toutou à moi", ni une "peluche", ni "votre enfant" c’est un chien ! Apprenez donc à le gérer en tant que chien et sortez-vous de la tête vos à prioris, croyances, mauvaises attitudes et certitudes… !
Qu’est ce que l’anxiété de séparation ? Destructions du mobilier, des murs, des portes, des effets personnels... aboiements intempestifs, hurlements, pleurs… C'est une grande cause d'abandons de chiens et il est difficile de convaincre les victimes de tels dégâts que ce problème peut trouver sa solution... Terme regroupant tous les comportements néfastes du chien en l'absence des maîtres qui sont les manifestations de cette anxiété. Ce sont aussi des chiens qui s'adonnent fréquemment à des activités de substitution comme le léchage des pattes par exemple. C'est un problème qu’il faut régler mais dont les conséquences sont toujours désastreuses. Ce sont les dégâts répétés, la lassitude du maître, l'exaspération de l'entourage, du voisinage et le manque d'information qui mènent à l'abandon.
L'anxiété de séparation est facile à prévenir, et elle est guérissable. En général, on veut un chien tout petit, et de façon inadéquate on retire les petits à leur mère trop tôt sans se demander s'il lui restait des choses à enseigner à sa progéniture.
Le détachement, ce fameux travail que ne peuvent plus faire les chiennes tant nous sommes pressés consiste en cela : la mère repousse les chiots (qui jusque-là restaient collés à elle) elle les ignore un certain temps et les laisse se débrouiller seuls, c’est le détachement… Lorsqu'on pose la question aux maîtres dont les chiens font des dégâts ou fuguent ou aboient : où se trouve le chien lorsque vous êtes aux toilettes ? "Euh, ben, derrière la porte" (ça ne rate jamais !) Quand les maîtres sont présents, ce sont des chiens que l'on dit "collants", qui sont toujours avec leur maître et qui sollicitent sans arrêt des petites attentions. A l’extérieur, en promenade, ce sont des chiens qui ne s'éloignent pas trop de leurs maîtres et qui ont toujours besoin d'un contact visuel avec eux.
Si vous vous rendez compte que votre chien vous suit partout, dès que vous vous levez, même lors de sa sieste, il y a de fortes chances qu’il souffre d'hyper-attachement.
Le premier pas consiste à lui apprendre, s’il ne les connaît pas encore, les ordres de base de l’obéissance : Assis ! Couché ! pas bouger ! au pied ! Stop !.. Car la cause principale de l’anxiété de séparation est le lien étroit qui unit le chien à son maître, qui lui permet de faire tout ce qu’il veut et de disposer de lui à tout moment de la journée. Le dresser à l’obéissance, comme tous les autres exercices que nous vous suggérons, sert à rééquilibrer les rapports tout en permettant au maître de reprendre les choses en main, il suffit de respecter quelques règles, mais de les respecter scrupuleusement et sérieusement, il en va du comportement de votre animal, et pas seulement quand vous serez absent :
- Ne plus lui laisser tout l'espace : interdire certaines pièces, dont impérativement les chambres.
- Ne pas lui parler comme s’il pouvait répondre, (votre chien n'a pas le QI d'Einstein, il ne comprend pas les mots, mais le ton que vous utilisez pour dire les mots)… utiliser la gestuelle pour donner les ordres comme montrer sa place, vous taper sur la cuisse pour le faire venir à vous sans lui parler.
- Le traiter plus froidement, l'ignorer (impérativement en rentrant à la maison, en partant de la maison, et quand il vient à vous pour réclamer des câlins ou la gamelle).
- Ne le caresser que lorsqu'il exécute un ordre, ne pas le caresser quand c’est lui qui vient à vous. Par contre, quand il est calme l’appeler pour lui faire un câlin, c'est toujours vous qui devez initier le contact avec le chien.
- Installer son couchage dans une pièce réduite, ce sera son petit coin à lui, rassurant.
- Fermer les portes à chaque fois que vous quittez la pièce où il est pour qu’il s’habitue à y être seul et à ne pas vous voir.
- Ne pas entrer dans la pièce quand il pleure ou hurle, attendre un moment de calme pour entrer. Il associera progressivement, sans le penser bien évidemment "ma maitresse entre quand je suis calme, elle ne rentre pas quand je pleure".
- Déritualiser le départ, ne pas faire les mêmes gestes aux mêmes heures pour diminuer l'anxiété du départ. Ne plus le calculer au moins 15 mn avant le départ et ne plus le regarder même du coin de l’œil… ne pas lui parler. De même, l'ignorer à votre retour, ne pas le laisser faire la fête ; marcher dans la maison, ouvrir des placards, etc… bouger jusqu’à ce qu’il se pose à sa place ou ailleurs, jusqu’à ce qu’il ne suive plus et qu’il ne gémisse plus. Vous verrez qu'à un moment donné, il va se poser si vous l'ignorez. Ne pas ouvrir la porte pour qu’il sorte dans le jardin dès votre arrivée car c’est déjà s’occuper de lui, attendre qu’il soit calme et posé, qu’il ne jappe plus et l’appeler pour sortir.
- Ne pas le laisser assister aux repas et encore moins lui donner vos restes à table !
- Le laisser manger seul et après-vous (ne pas s’approcher, ne pas le déranger c'est son moment à lui alors foutez lui la paix !..). Eviter de lui donner la gamelle tous les jours à la même heure, c’est aussi un rituel.
- Faire de l'obéissance pour avoir une réponse immédiate aux ordres simples : assis couché, au pied, pas bouger, tu te tais stop, non etc
- L'enfermer par courtes périodes dans sa pièce et le laisser seul même si vous êtes présent dans la maison.
- Lui laisser son jouet couvert d’une bonne odeur. Vous pouvez acheter un jouet à démonter pour trouver une friandise dedans, excellent pour lutter contre le stress, mais il trouvera vite la solution, l’idéal est de tapisser l’intérieur de son jouet avec un fromage type samos et mettre un ou deux samos congelés à la place d’un biscuit… Il passera beaucoup plus de temps à jouer avec… le temps de la décongélation totale…
- Faire de faux départs par périodes croissantes en pensant à ne rentrer que s’il ne pleure pas et ne pas le calculer en rentrant, vaquer directement à vos occupations.
- Ne pas le laisser sortir avant vous d’un endroit : lui bloquer l’accès et refermer la porte tant qu’il ne s’assoit pas, sans le regarder. Quand vous êtes sorti en premier et qu’il est calme et assis, invitez le à sortir (ou à entrer) à son tour par un geste et intimez lui l’ordre de s’asseoir. Pour vous persuader que cette situation est impérative à pratiquer, imaginez que derrière votre porte il y a une route à grande circulation, vous ne le laisseriez pas sortir en premier et se ruer dans la rue ? vous sortiriez d’abord en prenant soin de le faire sortir après vous sans danger non ?
- La nuit, habituez le à rester seul dans « sa pièce » en fermant les portes, il ne doit pas pouvoir vous rejoindre.
- Si lorsque vous êtes à la maison votre chien se couche systématiquement près de vous et vous suit partout où vous vous déplacez (il a besoin de contact visuel), envoyez le à sa place de manière à ce qu’il s’habitue en votre présence à ne pas vous voir tout le temps.
Il va sans dire qu’il est nécessaire, lorsque vous êtes présent, de vous occuper de votre animal en lui faisant faire de longues promenades antistress à la campagne, jouez avec lui et laissez-le courir en toute liberté ; cela servira à décharger sa tension et à renforcer les liens qui vous unissent, sans pour autant augmenter la dépendance.
Bref, lui conférer moins d'importance et le traiter plus froidement (ça ne durera pas toute la vie…).
Quand vous êtes à la maison, il peut être utile d’ignorer le chien pendant une heure. S’il s’approche pour recevoir des caresses, ne le regardez pas, ne le touchez pas et ne lui parlez pas ; s’il insiste, renvoyez-le d’un geste ostentatoire. Cet exercice sert à réduire l’attachement du chien pour son maître, et contrairement à ce que vous pensez, vous lui rendez service en le traitant de la sorte...
Solitude : ce n'est pas ce qui déclenche le stress. Ce qui met votre chien dans tous ses états, c'est la séparation de la personne à laquelle il est le plus attaché. Il faut donc, en famille, trouver la personne qui suscite cet état d'hyper-attachement. Cet état n'est pas agréable pour le chien, il s’agit même d’une véritable souffrance. Il n’est pas agréable non plus pour le maître qui en subit les conséquences, il faut dont trouver une solution. Il faut agir lentement mais durablement sur les causes de cet état d'hyper attachement et donc combattre les effets du stress en s’attaquant à la cause.
Déritualisation : Quelles sont les principales activités de votre chien : manger, faire pipi-caca, se promener, jouer, dormir... Mais durant son temps de veille, quelle activité l'occupe le plus longtemps ? il est indéniable que nos chiens occupent 98% de leur temps de veille à nous observer ! ils nous suivent, nous épient, prêtent une signification au moindre de nos gestes, les anticipent souvent. Lorsque nous vérifions que les clés de la voiture sont bien à leur place, c'est le signe d'un départ imminent. Le chien connaît ce rituel. De la douche au café, puis le brossage de dents, le choix des habits, tout ! il connaît tout par cœur ! Et son stress ne fait qu'empirer à mesure que nous nous préparons, comme d'habitude.
La déritualisation consiste à simplement déplacer les indices du départ. Rien ne vous empêche de vérifier que les clés de la voiture sont bien à leur place avant de regarder le film la veille au soir, de déposer le sac à main dans le couloir avant d’aller se coucher, de prendre un jour le café avant la douche et le contraire le lendemain etc.… Toutes les astuces sont bonnes, pourvu qu'elles participent à noyer les rituels annonciateurs du départ. Il faut créer la confusion.
Le maitre s’en va : il s'assure que certains objets sont hors d'atteinte, qu'il y a de l'eau dans la gamelle. Il allume un fond de radio afin de tranquilliser le pauvre animal. En partant, il lui fait une petite tape en intimant "sage, hein ! bon chien" ou encore "gentil, maman revient" mais le maître a tout faux. Il devra ignorer son chien au moins 15 minutes avant le départ. S'il doit allumer la radio, il le fera bien longtemps avant de partir. Aucune vérification de gamelle et aucun "au revoir" ne devront ponctuer son départ, pas même un regard.
Cela vous semble trop dur ? Eh bien il faudra en faire autant à votre retour. Pas de caresses, pas d'engueulades même si les dégâts persistent. On vaque à ses occupations, on lit le courrier ou on passe un coup de fil, l'important est de ne pas prêter la moindre attention au chien et donc de ne pas le regarder ni lui parler. Lorsque celui ci en aura pris son parti, sera calmé et posé (en général il retourne à sa place). A partir de là on s’occupe de lui, on l’emmène balader, on le câline et à fond les bisous.
Devant l'objet du délit : C'est systématique, les maîtres relatent les destructions de leur chien en nous assurant qu'il "sait qu'il a fait une bêtise". La preuve, il a son air de "je vais encore m'en prendre une". C'est franchement lassant, car il faut alors expliquer pour la énième fois de quelle façon le chien utilise sa mémoire, les certitudes du maître sont soutenues par une attitude du chien qui prête vraiment à confusion : il est là, tout penaud, au milieu des dégâts qu'il a faits, tout juste s'il ne s'excuse pas. Alors forcément, il sait pourquoi on l'engueule !
Hélas, logique d'humain n'est pas logique de chien. C'est votre attitude à vous qui génère chez lui une attitude qui n'est rien d'autre que du stress et de la peur... En cas de dégâts, la réprimande ne peut s'effectuer que sur le fait, en flagrant délit ! Cinq minutes plus tard, c'est râpé. Aucune corrélation entre la réprimande et l'objet du délit.
Réprimander le chien pour ses dégâts de la journée est donc une attitude néfaste augmentant le stress de l'animal et induisant la crainte du maître. Persister dans cette attitude peut être cause de sévères troubles du comportement.
Pensant rassurer nos chiens, nous leur laissons souvent la jouissance de toute la maison, mais ce comportement est vecteur de stress pour le chien : Une pièce de dimensions modestes est préférable, car plus sécurisante pour lui. Il ne s'agit pas seulement de s'épargner des dégâts ailleurs mais bien de "rassurer" le chien en ne lui laissant qu'une pièce, aussi réduite que possible. L'idéal serait une pièce que nous ne fréquentons pas en permanence afin qu'un minimum d'objets puisse rappeler la présence de l'être d'attachement. Evitons donc salons et chambres. La cuisine s'y prête assez, une arrière-cuisine est idéale tout comme le fond du couloir. La salle de bains n'est pas mal non plus. Enfin bon, on fait avec ce que l'on a pourvu qu'on sache pourquoi.
Au fait, rappelez vous, avant notre ère ultra moderne et nos attitudes déstabilisantes pour nos animaux, les chiens n’avaient ils pas des espaces restreints, bien à eux, avec leur gamelle, leur nonos… comment appelait on cela déjà ? Ah des niches, c’est ça, des niches et elles ne faisaient pas 100 m2…
Vous allez penser que tout cela est difficile, car on veut un chien pour l’aimer lui faire des câlins et en recevoir mais si vous respectez ces commandements, vous atténuerez le stress de votre chien, vous épargnant ainsi les désagréments qu'il induit, et vous aurez d’autant plus de facilité à le gérer dans d’autres circonstances (présence d’autres chiens, arrivée d’étrangers chez vous…). Vous pourrez le câliner autant que vous voudrez lorsqu’il ne manifestera plus de stress lors de vos départs… (sans retomber dans les excès, merci, sinon tout sera à reprendre…).
Courage… très franchement ça vaut le coup de prendre un peu sur soi pour le bien être de votre animal plutôt que de continuer à le traiter égoïstement comme vous aimez VOUS, et à subir les conséquences de son mal être… qui deviendra bien vite votre mal être…
Pour notre part, nous avions fait appel à un comportementaliste pour gérer les hurlements à la mort de Fidji quand nous étions absents. Le problème a été réglé en 15 jours en appliquant strictement ses conseils, car oui, le maître a souvent tout faux mais n'est pas capable de se remettre en question aveuglé par l'hyper amour qu'il porte à son animal et surtout il croit tout savoir...
Nous avons toujours appliqué ces conseils pour nos chiens, et avons pu les emmener partout dans toutes nos activités : restaurants, bars, plages autorisées, mini croisières, barques, pédalos, vélo train etc…), sans jamais aucun problème ni avec les autres chiens, ni avec les humains. Ca vaut vraiment le coup !
Sources : Texte diffusé par la SPA, revu corrigé et complété avec l'aide d'un dresseur comportementaliste canin et d'un ami vétérinaire…
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